Chapitre 1 : retour aux origines

Publié le par RoN

La vie du professeur Lyons eut-elle un sens ? Le scientifique fut-il un être humain digne de ce nom ? S’évertua-t-il à réaliser ses rêves ? Trouva-t-il le bonheur, l’amour ? Ses paroles, ses actes influencèrent-ils ses semblables ? L’histoire n’en gardera malheureusement aucune trace. Car si Lyons eut un rôle à jouer à l’échelle de l’humanité, ce ne fut pas de son vivant. Mais seulement après sa mort.

 

La créature qui ouvrit les yeux dans l’appartement du professeur le lendemain de sa contamination par la spore de Ghoulobacter n’avait plus d’humain que le physique. Plus de conscience, plus la moindre pensée dans ce qui avait pourtant été un cerveau extrêmement brillant. Uniquement des pulsions grossières, des désirs incontrôlables motivés par un instinct primaire et totalement inconscient.

Instinct qui poussa le monstre à s’extirper de l’obscurité de sa chambre et à tituber à travers l’appartement, cherchant désespérément une issue vers un extérieur grouillant de vie et de lumière. Réussir à atteindre la rue fut déjà une épreuve en soi.

Le corps de Lyons était lourd, ses muscles engourdis. Son cerveau inapte au moindre raisonnement. A tel point que la goule se révéla tout bonnement incapable d’ouvrir la porte d’entrée. De l’autre côté, elle percevait du bruit. Des voix. Des choses vivantes. Ce qui déclencha en elle une véritable tempête. Il fallait qu’elle sorte, à tout prix.

Ses mains commencèrent à tambouriner contre la porte, ses ongles à gratter le bois, tandis que de sa gorge s‘échappaient des grognements rauques. Les voix se rapprochèrent. Cela décupla la frénésie de la goule, qui mit toute son énergie à essayer de percer l’obstacle. La peau de ses mains finit par céder. Elle n’en eut cure, aucune douleur ne venant l’incommoder dans sa tâche.

Que se passait-il donc chez l’aimable scientifique ? Des passants curieux, inquiets et malheureusement inconscients du danger finirent par commettre l’irréparable. Le voisin de Lyons possédait le double de sa clé. Quand celle-ci fut introduite dans la serrure, le sort du pays tout entier fut scellé.

Pendant un instant, le doux soleil de ce matin automnal aveugla la goule. La chaleur l’emplit d’un puissant sentiment de bien-être, apaisant et immédiatement revigorant. Qui fut éclipsé, quand elle recouvra la vue une seconde plus tard, par une pulsion sauvage d’une intensité écrasante. Une sensation qui ressemblait à de la faim, mêlée d’un désir irrépressible de toucher, de saisir, de s’approprier  ces êtres faits de chair chaude et tendre qui le dévisageaient d’un air horrifié.

La bouche de la créature s’emplit de salive tandis que ses mains se tendaient maladroitement vers les humains incrédules. La plupart reculèrent précipitamment, choqués devant ce spectacle pour le moins inhabituel. L’un d’eux – une femme d’une quarantaine d’année, avec qui le professeur Lyons avait jadis passé une nuit – se prit les pieds dans son cabas et chuta sur les fesses.

En une fraction de seconde, la goule fut sur elle. La malheureuse hoqueta de douleur quand les dents du monstre perforèrent sa gorge. La dernière fois que Lyons l’avait étreinte, son contact lui avait été nettement plus agréable. Cette fois-ci, ses seules sensations furent la terreur et la souffrance. Une souffrance glacée, déchirante, comme si l’on brisait son humanité même.

De son côté, Lyons ressentit un plaisir indescriptible alors que le sang de sa victime inondait sa bouche. Il n’eut cependant pas le temps d’en profiter. Car si les autres humains étaient restés pétrifiés d’horreur un instant, il ne fallut pas longtemps pour qu’un brave homme intervienne, une main de fer se refermant sur l’épaule de l’agresseur et le tirant en arrière.

Qu’à cela ne tienne. La goule lâcha prise ; sa tête pivota, et elle mordit à pleines dents le poignet de l’impudent qui avait osé l’interrompre. Des cris, des jurons. Un poing s’abattit sur le nez du monstre, le faisant valser en arrière. Mais toujours aucune douleur pour réfréner sa rage. Il revint immédiatement à la charge, fonçant sur les passants curieux ameutés par toute cette agitation. Ceux-ci se dispersèrent en hurlant, mais Lyons parvint à agripper une étudiante qui avait cru reconnaître son professeur. Et une troisième victime pour le compte de la Ghoulobacter.

La première s’était déjà réanimée, et contamina à son tour un jeune homme qui essayait tant bien que mal d’arrêter son hémorragie. Puis elle se remit maladroitement sur ses jambes, et tituba à la poursuite d’une nouvelle proie. Lyons n’avait pas non plus perdu de temps, transmettant l’infection à deux autres personnes.

Moins de cinq minutes après que le patient zéro soit sorti de son antre, près d’une trentaine de goules avaient vu le jour. Celles-ci s’éparpillèrent au hasard, suivant instinctivement le moindre bruit ou mouvement. Et avant la fin de l’après-midi, la majorité de la population de Pavilion avait été contaminée.

 

Combien le professeur Lyons fit-il de victimes ce jour là ? Plusieurs centaines sans doute. Mais ce n’était qu’un prélude aux ravages qu’il ferait dans les mois suivants.

Lui et sa progéniture monstrueuse se répandirent en campagne en semant la mort et la dévastation, transmettant l’infection à des milliers de personnes ; puis à des centaines de milliers ; puis des millions. La Ghoulobacter était partout, progressait sur le continent plus rapidement qu’un feu de forêt en plein été.

Avant même qu’elle n’ait réalisé l’ampleur de la catastrophe, l’humanité avait été décimée. Guerres, génocides, massacres : jusque là, le plus grand ennemi de l’homme avait été l’homme. Cette place serait dorénavant occupée par la goule.

 

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Vous l'attendiez depuis longtemps, le voilà, le premier chapitre de Ghoul-Buster saison 2 ! Bon d'accord, c'est assez court (on peut considérer ce chapitre comme une sorte d'introduction). Mais ne vous en faites pas, vous pourrez lire la suite dès demain !

 

A part ça, je vous rappelle que la première personne à poster un commentaire sur cet article gagnera les deux tomes dédicacés de la saison 1 ! N'oubliez pas cependant de me laisser votre e-mail, histoire que je puisse vous contacter pour prendre votre adresse postale si besoin.

 

Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée, et à demain pour le chapitre 2 !

Publié dans Chapitres

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M
<br /> Coucou<br /> <br /> Tu est un bourreau de travail, que d'imagination à ton actif bravo ! (même si le thème m'inspire pas énormément) bizz+<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Content de voir que ça reprend :D Hâte de revoir la bande ^^<br /> Bon courage pour l'écriture!<br /> <br /> <br />
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T
<br /> Bon ça y est je peux poster sans risquer de gagner ces deux ouvrages magnifiques qui sont d'ores et déjà en ma possession...<br /> Bonne intro, j'attend la suite ;)<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Soit dit en passant, même si ton premier chapitre est court, il n'en est pas moins bon. Il nous remet bien dans l'ambiance. ^^<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Merci ^^ En espérant que la suite continuera à vous plaire...<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> Bon sang vous êtes au taqué... bien joué.<br /> Bon courage Ronan<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Eh oui, ya de la réactivité, ça fait plaisir ^^<br /> <br /> <br /> <br />